mardi 25 juillet 2017


Voici le début de "LA FAMILLE KOX", un nouveau roman très différent de AMINA TALES, moins noir, clairement destiné aux ados alors qu'Amina était une DarkSF assez dure :


" Abi Kox déplia à nouveau l’offre de location et la lut une fois de plus.
Sa mère avait fini par se décider. L’endroit était merveilleux : à deux pas de la mer, dans une petite ville assez sympa avec toutes sortes de commerces et incluse dans les circuits des drones commerciaux… mais au niveau des occupants, vraiment, cela n’allait pas du tout. 
L’offre indiquait que l’appartement était habité par les esprits de deux familles. Il y avait deux vortex ouverts sur les vingtième et vingt et unième siècles. Mais aucun jeune de son âge là-dedans ! La liste des fantômes n’incluait que des gens ayant dépassé la trentaine.
Ce n’était pas juste. Avec qui Abi allait-elle pouvoir discuter ? La communication avec les morts n’était déjà pas facile, à cause du décalage temporel, mais si on y rajoutait des différences de générations la jeune fille risquait de ne pas réussir à se faire d’ami parmi les esprits.
Restait à connaître l’avis du chat : avec un peu de chance il allait refuser d’habiter dans cette maison et obliger la famille à pousser les recherches plus loin. Mais presque tous des cartons étaient déjà faits, et Madame Kox ne cessait de râler à propos de papiers administratifs à n’en plus finir, auxquels s’ajoutait la cérémonie d’adieu aux Smith.
L’ouverture du vortex était prévue pour dans trois jours. Il allait y avoir des larmes, peut-être même des hurlements... pour des fantômes, quoi de plus normal ?
Les Smith étaient une vieille famille dont les membres s’étaient éparpillés tout au long des années 2000 : en ce temps la le travail faisait défaut et obligeait les gens à quitter le cocon familial. C’était très différent, il n’y avait aucune politique de regroupement et bien sûr aucun foyer digne de ce nom, liant les anciens et nouveaux occupants. À l’époque les gens nourrissaient toutes sortes de croyances totalement stupides à propos des fantômes, par exemple de croire qu’il s’agissait d’esprits coincés entre deux mondes, à cause d’une tache inaccomplie, d’un problème irrésolu... s’ils avaient su... La science avait fait bien des progrès depuis.
Billy déboucha dans la chambre, comme à son habitude totalement surexcité.
— j’ai eu un vert à mon devoir d’histoire, Abe, tu te rends compte ? Un vert, ça fait le troisième !
— Bravo, vers de terre, t’es un vrai petit génie. Dépêche-toi c’est la fin de l’année, tu as peut-être le temps pour un quatrième. Combien il te reste de jours d’école ?
La porte claqua. Il avait déjà disparu, sans répondre, ayant surement épuisé son quota journalier de communication avec sa sœur.
Abi froissa l’offre de location et la jeta a l’autre bout de la chambre. Elle s’allongea sur son lit en pensant que c’était idiot, qu’il allait falloir la défroisser car c’était un papier important... Mais cela faisait tellement de bien !
Elle était contre ce déménagement, depuis le début. Pourtant elle n’avait jamais exprimé son avis, car elle ne voulait pas ennuyer sa mère avec ses états d’âme. Il y avait toujours trop de problèmes, après la mort de Papa les ennuis s’étaient accumulés à n’en plus finir, et il ne se passait pas une semaine sans qu’elle ne surprenne sa mère en train de pleurer devant une pile de paperasses éclatées sur la table du salon. Depuis qu’elle était à la maison, à cause de sa phobie scolaire consécutive au décès, elle ne pouvait échapper aux manifestations de la dépression de sa mère.
À quoi bon en rajouter ?
Depuis que le fantôme John -John s’était figé, en ce moment Aby n’avait plus personne à qui parler. Les soi-disant amies du lycée s’étaient éloignées d’elle, comme si la mort d’un proche la rendait pestiférée.... à moins que cela ne vienne d’elle. Loin des yeux, loin du cœur... Peut-être s’était-elle renfermée sur elle même au point de perdre ses meilleurs copains, c’était bien possible. 
Après tout, il y avait peut-être du bon a ce déménagement, l’occasion de tout recommencer. C’était pour bientôt, pour le début des vacances, le temps nécessaire aux fantômes pour faire connaissance avec une autre famille qui allait envahir la maison pour participer a leur séance de Pré-Mesmerisation. Après-demain, ou dans trois jours.
Les fantômes détestaient être seuls, ils avaient tendance à s’endormir pour de bon. Et ils n’aimaient guère être surpris...





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